Interview pétillant 
Rencontre avec Anne-Claire Lenoir

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A la rencontre de personnes inspirantes

Après Laëtitia LauvrayEmmanuelle PelletierCyrielle Fombonne, une nouvelle praticienne en psycho-pédagogie positive a accepté de relever mon challenge mensuel et attention, pas n'importe laquelle ! Dans ce nouveau billet, vous allez découvrir la merveilleuse présidente de l'A5P, l'association des praticien-ne-s et psychopédagogie et psychologie positives. Dans un emploi du temps très chargé, Anne-Claire Lenoir a trouvé un moment pour répondre à quelques questions autour de ce métier, de ces nombreuses casquettes et de délicieuses pépites dont elle a le secret. 

Vous êtes prêt-e-s ? Alors c'est parti !


Anne-Claire, peux-tu te présenter brièvement ?

Avant toute chose, je suis bretonne de cœur. En effet, j’habite à Vannes dans la région de mon cœur et c’est important pour moi.

Professionnellement, je suis formatrice depuis 20 ans, j’aide les enfants dans leurs apprentissages et les adultes dans leur réinsertion ou reconversion professionnelles. Dans ce cadre, mes deux verbes d’action sont TRANSMETTRE, depuis très longtemps, et ACCOMPAGNER, qui a émergé plus récemment.

Depuis 2015, je suis praticienne en psycho-pédagogie positive et ce qui m’anime c’est d’amener les personnes que j’accompagne à (re)trouver du plaisir et du sens dans leurs apprentissages à l’école ou au travail, de les aider à mieux apprivoiser leurs émotions, à mieux les guider dans leur orientation…

Je suis également une éternelle apprenante. Je me régale à me former régulièrement. D’ailleurs, en 2019, j’ai obtenu la certification de praticienne en intégration des réflexes archaïques et l’année suivante une autre en orientation positive qui se marient très bien avec les accompagnements en psychopédagogie positive.


Comment définirais-tu la psychopédagogie positive ?

Selon moi, pratiquer la psychopédagogie positive consiste à accompagner une personne dans sa globalité. On prend la personne telle qu’elle est et là où elle en est dans son état mental, émotionnel, physique. Lors de l’accompagnement, il s’agit de l’aider à identifier ses ressources (forces, qualités, personnes ressources…) pour qu’elle puisse s’appuyer dessus, trouver des clés pour faire face à ses difficultés et se mettre en mouvement afin de les résoudre.


Qu'est-ce qui t'a menée à la psychopédagogie positive ?

Pendant près de 10 ans, j’ai été formatrice dans une entreprise de grande distribution puis dans un centre de formation pour la formation continue ou la reconversion d’adultes mais aussi de jeunes en CFA en rupture avec l’école. Dans ce contexte, j’ai toujours été à l’affut d’outils pour enrichir mes enseignements et proposer des leviers adaptés pour les aider à faire mieux sur leur chemin.

Puis lorsque ma fille a eu 7 ans, la maîtresse lui a collé une étiquette de « fainéante » alors que c’était une enfant enthousiaste et curieuse. L’incohérence de la situation a décuplé mon envie de me former sur la psychopédagogie positive, et mes pas m’ont menée à La Fabrique à Bonheurs où je me suis formée sur ce sujet en 2015.


Quels liens as-tu avec la psychopédagogie positive ? Dirais-tu que c'est une passion ?

Je ne dirais pas que c’est une passion, mais plutôt un « métier-passion ». J’adore construire de nouveaux outils et me former pour m’enrichir mais surtout pour construire.

Mon kif, c’est d’être une pédagogue créative dans l’instant t, pour être pleinement dans la relation à l’autre. Lorsqu’une personne vient me voir, il n’est pas rare après quelques échanges que je prenne le temps de fermer les yeux pour laisser venir et choisir de manière la plus juste et la plus adaptée le ou les outils utiles pour cette personne. Cet instant peut être déroutant pour elle, mais elle appréciera d’autant plus la justesse qui suivra. Mais, il ne faut pas s’y tromper, construire de manière créative sur l’intuition du moment nécessite un gros travail de formation et de l’expérience.

La créativité est une force que j’aime activer car elle me permet de combiner les outils de manière personnelle. En ce sens d’ailleurs, chaque praticien en psychopédagogie positive a une façon unique d’exercer.


On associe la psychopédagie positive à l'approche tête-coeur-corps. 
Partages-tu ce raccourci ? Es-tu plutôt tête, plutôt coeur ou plutôt corps ?

Oui, je partage sans restriction ce raccourci d’autant plus dans une société dans laquelle le mental et l’intellectuel priment sur le reste. 

Pour moi, il n’y a pas une branche de cette approche tête-cœur-corps qui prime sur les autres. Les trois sont indissociables dans mes accompagnements.

Dans une séance, je vais par exemple utiliser le renforcement positif, développer des CPS, pratiquer un outil visuel comme le sketchnoting pour cibler la tête. Puis, je peux faire de la communication bienveillante et assertive pour toucher le cœur. Enfin, je peux utiliser le levier physique incroyable que représente l’intégration des réflexes archaïques pour débloquer des problèmes émotionnels (comme l’anxiété), cognitifs ou corporels.

En travaillant sur les 3 axes simultanément, je suis mon fil d’Ariane de mes accompagnements qui consiste à restaurer l’estime de soi. 


Tu as beaucoup de casquettes professionnelles : PPP+, formatrice, présidente de l’A5P qui se cumulent à d’autres casquettes personnelles. Comment réussis-tu à allier le tout ?

J'ai peut-être plusieurs casquettes mais toutes mes missions ont un unique sens commun : « être au service de … » ; être au service de professionnels, d’enfants, d’associations. De ce fait, c’est facile d’allier le tout car il y a une cohérence.

Néanmoins, concrètement, ce n’est effectivement pas toujours facile surtout depuis 8 mois avec la présidence de l’A5P qui nous, prend à mon équipe et moi, beaucoup de temps et d’énergie dans la mise en place des projets. Ce n’est pas évident non plus dans des périodes charnières comme cette fin d’année scolaire, avec les accompagnements en cours à poursuivre et la prochaine rentrée à anticiper.


Du coup, t’appropries-tu l’approche tête-cœur-corps dans ces périodes charnières ?

Oui, tout à fait. Par exemple, pas plus tard qu’hier, j’ai profité d’une séance de réflexes archaïques avec une collègue. Mes balles de massage ne sont jamais très loin. Actuellement, je suis pieds nus dans mon bureau. D’ailleurs, j’ai un lien très étroit avec la nature et j’adore aller marcher pieds nus le matin dans l’herbe pour poser une intention pour ma journée.

Pour mon axe « cœur », mes cartes des émotions sont toujours à portée de mains. Je les utilise pour bien identifier mon émotion et mon besoin du moment.

Ces petits rituels tête-cœur-corps sont importants et nécessaires pour moi au quotidien. Comme je suis hyper sensible et même hyper empathique, ils m’aident de différentes manières à m’aligner et à me ressourcer.

Arrives-tu à déployer l’approche tête-cœur-corps de la même façon que tu sois PPP+, formatrice ou Présidente ? ou bien un axe devient plus prédominant dans l’une ou l’autre de tes activités ? saurais-tu expliquer pourquoi ?

J’essaye tant que je peux de faire en sorte qu’un axe ne soit pas prédominant. Par exemple, avec le développement de l’A5P ces derniers mois, nous avons beaucoup été dans « la tête » avec les projets à faire émerger, à mettre en place, la réglementation à traiter… Aussi, pour rééquilibrer nos têtes avec nos cœurs et nos corps, je propose lors du démarrage des réunions de bureau une inclusion : chacun est invité à partager sa météo du moment, une réussite, une valeur… Ce moment permet d’être en contact avec soi, d’apprendre à se connaitre, à connaitre les autres et à trouver sa place dans l’équipe.


Je présuppose que tu trouves un alignement et une cohérence, voire une complémentarité dans tes activités. Est-ce bien le cas ? Si oui, peux-tu nous dire en quoi et donner des exemples concrets.

Dans le cadre des formations, en proposant de développer les compétences psychosociales, j’agis plus particulièrement sur la tête et le cœur.

Dans le milieu scolaire où prime le mental, je vais davantage appuyer sur le corps par petite touche. Lors d’interventions auprès de professionnels, je vais leur proposer d’enlever leurs chaussures et de faire des auto-massages des pieds. Auprès des élèves, je lancerai une activité de brain-ball. Dans tous les cas, mettre en place des instants de relaxation pour se reconnecter à son corps seront toujours utiles.

Dans la perspective de notre journée annuelle de l’A5P, sans tout dévoiler à l'avance, les 3 dimensions cognitives, émotionnelles et physiques seront nourries. Cette journée devrait permettre à toutes et tous de se ressourcer, en plus de partager, de s’enrichir les uns les autres.

Mes activités sont variées et je m’en réjouis car c’est la diversité qui me nourrit. J’adore travailler en individuel et en groupe, avec des jeunes et des adultes, sur des thématiques différentes à chaque fois. La diversité des rencontres est une vraie richesse. Chacun a son univers à part entière.

Quant à mon rôle de présidente, je dirai que c’est une mission où j’apprends en avançant petit pas par petit pas. C’est vraiment une mission à composer.


A la fin de chaque interview, je propose un petit challenge à partir d’un outil utilisé dans le cadre d’un accompagnement. L''idée est de détourner cet outil ici à l’attention de la PPP+ interviewée. Tu as évoqué lors d’une discussion en préalable à cet interview un outil fétiche : des jeux de cartes DIXIT. Peux-tu nous en dire plus ? 

Dixit(c) est un jeu que j’ai détourné pour en faire un outil visuel que j’utilise dans de nombreux contextes : en individuel, en groupe, en accompagnement, en formation...

C’est en quelque sorte un média métaphorique qui permet une expression riche et profonde de la part de l’accompagné et une posture décentrée d’accueil et sans attente de l’accompagnant.

L’approche est narrative : à partir d’une image, elle invite la personne à se livrer différemment.

C’est mon outil fétiche dans de nombreuses circonstances toutes aussi variées les unes que les autres.

Je l’utilise régulièrement par exemple pour démarrer un bilan d’orientation scolaire en orientation positive. À partir des cartes, une grande richesse humaine émerge ; elles permettent aux jeunes de révéler leurs qualités, valeurs, de citer leurs verbes d’action, de partager leurs projets, leurs rêves, leurs préférences professionnelles. Ensuite l’exploitation est facilitée.

Dans un autre cadre, celui d’une formation de 10 séances pour des adultes, il a constitué un des supports de la 4e séance. Il a permis de faire un pas non négligeable dans la confiance dans les autres et s’est montré décisif sur la cohésion d’équipe sur la suite de la formation.

Il peut aussi très bien fonctionner en classe comme je l'ai déjà fait avec de très grands groupes.

Il a en effet l’air très génial comme outil. Merci pour ce partage et cette présentation bien illustrée. Pour aller plus loin, je te propose de l’utiliser dans cet entretien. Dans l’extrait de jeu ci-dessous, peux-tu choisir une carte qui va te permettre de nous dire comment tu te projettes sur le 21/10, journée annuelle de l’A5P ?

{Anne-Claire choisit l'image ci-contre et je ne peux m’empêcher de réagir « oh c'est pour le bel alignement des planètes ». Immédiatement, elle rectifie « non pas tout à fait » et elle me livre son explication. En 2'', Anne-Claire vient de m’enseigner deux belles leçons avec cet outil : d’une part, la posture d’accueil sans attente est essentielle et si ce n’est pas le cas, la personne réajuste d'elle-même naturellement ; d’autre part, cet outil est effectivement d’une richesse et d’une efficacité implacable pour la connaissance de soi et de l’autre. D'ailleurs, voyez un peu avec la réponse d'Anne-Claire}

J’ai choisi cette carte car elle symbolise tout d’abord une équipe. L’équipe qui co-construit cet événement : chacun en intelligence collective amène ses idées et ses propositions pour nourrir la rencontre, que ce soit en amont ou le jour J.

Il y a aussi cette notion de boulier avec plein d’adhérents participants : chacun va arriver avec son univers. Ce sera une rencontre de plein de planètes et d’univers différents. Chacun pourra s’enrichir des univers des autres grâce aux activités proposées et aux partages. Il y a une complémentarité et en même temps une unicité car il s’agit du même métier.

Cette image représente tout cela pour moi. 

Le mot de la fin t'appartient. Quelle pépite souhaiterais-tu partager pour clore cet interview avec des paillettes ?

L’essentiel, c’est le plaisir ! Le plus important est d’être connecté à cela.




Merci Anne-Claire

Si vous êtes de côté de Vannes ou si vous souhaitez contacter Anne-Claire Lenoir, retrouvez-la sur sa page Facebook, sa page LinkedIn et son site internet.


01/07/2023

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